Et puis Safranbolu. Fallait il inventer le safran ou simplement le cueillir ?
Je quitte cette terre Ottomane par le détroit des
Dardanelles et par le plus long pont suspendu au monde inauguré par Erdogan en mars 2022.
Le passé conjugué au futur.
Que dire de cette Turquie qui a tellement grandi
en 30 ans ?
Si nous sommes nostalgiques des villages
anatoliens où les enfants courraient derrière les rares voitures, il faut admettre que, si la beauté y a perdu des points dans l’affaire, le Turc peut être fier de ce que son pays est
devenu en trois décennies.
Les infrastructures sont gigantesques, le
système bancaire fait envie et la puissance entrepreneuriale est incomparable avec nos tièdes initiatives.
Rien ne les arrête et c’est peut-être ce qui
me choque.
La Turquie réelle, pas celle des cartes
postales, est laide dans ses villes, violente sur ses routes, impérieuse dans ses rapports au quotidien.
Les perles y sont rares et tournent
souvent autour d’une mosquée ou d’une forteresse
Le fusil et le
goupillon.
Deux très beaux souvenirs.
Ils ne doivent rien à la violente puissance de
tout transformer des turcs et font exception.
La presqu’île de Knidos encore épargnée
par le besoin anarchique de salir le paysage par des constructions gigantesques.
Le cratère immense de Nemrut Dagi qui est une
oasis par son silence et sa nudité. Quand j’évoque le Nemrut Dagi, ce n’est pas le plus connu qui est d’ailleurs un peu décevant par la taille ridicule de ses têtes emblématiques mais celui
qui se trouve près de Blitis.
Le silence est ce qui est le plus précieux
dans cet immense pays qui ne supporte pas le vide.
La Capadocce résonne au son des musiques
binaires et les ballons à air chaud planants par centaines n’ont plus rien de poétique. Pamukkale est sale et détruit.
Èfes, qui ne doit rien au turcs, reste le plus
beau site archéologique que je connaisse.
Dans les hôtels et restaurants, rien n’est
sale mais rien n’y est vraiment propre. La propreté ne se discute pas, il n’y a pas de tolérance à avoir et pourtant il faut l’être dans ce pays négligé et pollué.
En voyageant dans la Turquie de tous les
jours, nos écolos verraient la fin de leurs illusions se heurter à la réalité turque. Ici rien ne changera avant très longtemps.
La nature est puissante mais souvent écorchée
par l’industrie et les carrières qui grignotent les paysages les plus sauvages.
Les heures de plénitudes m’ont été comptées et
de courte durée car la réalité industrieuse reprend très vite le dessus.
Je n’ai pas rencontré de villes moyennes. Tout
est peuplé et sur-bâti.
Bien sûr je n’ai parcouru « que » 6000 km dans
ce pays et je laisse au sceptiques et au bien pensants le droit de me faire la leçon sur ce qu’ils n’ont pas vu. Moi j’ai vu ce que l’on peut voir à moto. A 360°.
J’ai évité toutes le villes le la côte
méditerranéenne ce qui me laisse le droit de dire que j’ai fréquenté une Turquie du quotidien.
Je n’ai pas aimé cette
Turquie qui ne se veut pas aimable mais j’ai été fasciné par sa grandeur dans tous les sens du terme.
Persiste et signe.
D