Printemps - Été 2023

AMIturc

"Le Turc n'a pas d'autre ami que le Turc"

               d'après pierre LOTI

Itinéraire rêvé

(on peut rêver)



Mon Ami Turc.

"Le Turc n'a d'autre ami que le Turc"

Contredire Pierre Loti était une partie du défi : traverser un pays dont on connait le président réélu et à la capitale qui n'est pas Istambul.

La Turquie.

Les images de l'Ottoman qui maltraite Peter O'Toole dans "Lawrence d'Arabie" ou des prisons turques dans "Midnight express" ont laissé un trace cinématographique dans l'esprit de plusieurs générations.

Les plus jeunes connaissent plus prosaïquement le Kebab du coin et les amateurs de jazz le "Blue Rondo à la Turque"  qui n'a rien d'oriental.

En Belgique les Turcs sont une communauté discrète dont les grands-pères ont été la dernière génération d'émigrés à gratter notre sous-sol pour en extraire le précieux or noir qui remplissait nos"crapauds" et nos "feu continus" dont il fallait aller chercher le combustible dans nos caves à l'aide de jolies charbonnières noires souvent ornées d'une fleur de lys blanche.

 

La Turquie est immense et fait frontière avec des pays compliqués. Si l'Islam y est majoritaire à 97% le pays dispose d'une constitution dont les fondements laïques nous est commune.

Un tel territoire est évidemment varié et d'une région à l'autre on y trouve des mentalités et des attitudes aussi diverses que les paysages traversés.

Une chose leur est commune c'est exhibition à tous vents et partout de leur joli drapeau. Même s'ils y mettent du coeur, ils sont encore loin de l'obsession Helvète qui met le rouge et blanc à toutes les sauces.

 

D'abord l'essentiel : les Carwash.

S'il est bien un guide que je suis capable d'écrire c'est celui des CarWash.

De la pression effrayante des lances dans les installations basiques du Maroc au constructions futuristes de celles qui longent les routes polonaises, des stations de Lavazh en Albanie où l'on vous interdit d'assister au récurage de votre moto autour de laquelle s'agitent trois travailleurs frottant, rincant, bichonnant, lustrant votre véhicule comme s'il s'agissait d'une toilette mortuaire en passant par l'efficace CarWash autrichien qui met le litre d'eau au prix du Guverstraminer (je sais, c'est pas autrichien mais ça sonne bien) et enfin le Grec qui se charge avec des jetons à acheter à la pompe tout comme le turc. On demande 10 livres turques (0,20€)  pour la lance "mousse" mais avec laquelle il faut se dépécher car de la mousse il y en a peu et la même somme pour le rinçage haute pression avec laquelle on peut flâner et bien rincer dans les coins. Parfois, il en reste même un peu dans le tuyau mais à quoi bon insister.

 

Vous l'aurez compris, je met un point d'honneur à conduire une moto propre de bout en bout d'un voyage. J'estime qu'il n'y a pas de raisons pour imposer aux passants la vision d'un véhicule sale et c'est aussi pourquoi j'emporte toujours du cirage et de quoi frotter mes chaussures.

Mais ça c'est une autre histoire.

NB : ce n'est pas moi sur la 4ème photo...


Ayvalik

Éphèse*** & Priène*

Prequ'Île de Datça

site de Kidnos ***

de Kidnos à Geyre

Aphrodisias

Calvitie naissante et repousses.

Je mesure 1 mètre 83 et de cette altitude j'avais souvent vue sur les occiputs de mes congénères.

Spectacle banal qui disait plus que ce qu'il n'en montrait. Vision dont une majorité de gens ne pouvaient pas bénéficier, n'ayant pas terminé la soupe que leur maman le demandait de finir.

 

Il y a quelques jours, je suis monté dans un Ferry entre Lesbos et Ayvalik et me suis retrouvé entouré d'une dizaine de personnes assises sur les banquettes toutes penchées sur le rectangle qui brillait au creux de leur main.

Je me suis dit qu'il n'était plus nécessaire de grandir pour observer les repousses des dames, qui sont presqu'une généralité en Turquie puisqu'elles s'obstinent à blondir leur magnifiques chevelures noires, et de constater que, par un phénomène récent, les jeunes hommes perdent de plus en plus tôt leur virilité capillaire. La Turquie ne faisant pas exception.

Plus besoin de se mettre sur la pointe des pieds puisque nous avons maintenant tous vue sur le haut de ces millards de têtes penchées sur leur distraction de plastique et de pixels.

On se distrait quand on s'ennuie.

Les gens s'ennuient. Je veux dire qu'ils ennuient l'autre.

Ca a toujours été le cas mais là on vit un phénomène numérique qui outre le fait qu'il aiguise ce qu'il y a de pire chez l'Homme comme, la vanité, la curiosité malsaine, la médisance, les lieux communs, la critique facile, méchante et anonyme mais aussi l'encensement d'idiots qui à force de faire n'importe quoi sont devenus n'importe qui avec des milliers et des milliers de "suiveurs" (traduction libre de followers). Ce phénomène disais-je, que l'on peut voir dans nos rues, nos gares, cafés, restaurants, bref, partout où il ya de des humains, tient dans dans une main sous la forme d'un petit boîtier de plastique avec un écran en verre et nous relie à nos chers proches ainsi qu'à la terre entière et la plus lointaine.

On peut faire valoir les bienfaits de cet objet conçu à l'origine comme un simple téléphone mais c'est en nuance qu'il faut apprécier ce qu'il est devenu en quelques années. Un outil de communication du pire en envahissant nos vies et en rendant la possession presqu'obligatoire si l'on veut continuer à évoluer dans son biotope.

Il est néanmoins une vertu que cet appareil a su créer sans le vouloir.

Très vite cet objet est devenu une béquille à nos comportements. Exploité par ces génies du vide qui observent nos faces sombres et tâchent d'en tirer profit, singulièrement ce phone que l'on qualifie de rusé, smart en anglais, est devenu un vecteur de franchise et d'honnêteté.

De franchise.

Quelques exemples vécus dont nous nous exemptons, bien sûr.

Grâce à ce phone que l’on dit Smart, au restaurant, les amoureux ont enfin décidé de montrer à celui ou celle qui est devant lui qu'il est, ennuyeux(se), triste, inintérressant(e) et lui signifie clairement que sa conversation, son aspect, son humour valent moins que le rectangle blanc qu'il ou elle dégaine l'air grave, sans préavis et surtout sans choquer son(sa) partenaire.

Au moins c'est clair.

Ils ne font plus semblant.

A deux, ils s'ennuient. Je veux dire : il (elle) ennuie l’autre. Phone face à Phone.

Arrivés au dessert, n'ayant plus la bouche pleine et ne sachant comment remplir les blancs de la conversation, ils invitent quelques pixels à leur table. Rivés à l'écran, ils peuvent alors chercher un tutoriel sur la meilleure façon de terminer une soirée ou en tapant : "comment retrouver de l’intérêt pour une personne qu'ils connaissent peu ou trop bien ? ". Faute de quoi ils voguent sur l’ennui du Net pour trouver mieux que le personnage qui se languit devant eux.

La solution ne doit pas être facile à dénicher car ils restent de longues minutes les sourcils en v, l'air sérieux, faisant des mimiques de réaction pour rendre important ce qui les distrait de la présence de l'autre. Parfois ils partagent quelque mirage sur l'écran minuscule de leur manque d'imagination.

Oubliées les remarques sur les autres convives ou la maladresse d'un serveur ou le délai pour recevoir l'addition. De toute façon, ils paieront sans contact, sans partage et sans pourboire.

Ces deux-là ne s'aiment pas ou plus ou pas assez et ils font savoir clairement que leur intérêt est ailleurs.

Ce qui est remarquable c'est qu'ils sont deux à s'ignorer à quelques centimètres de distance.

D’autres utilisateurs ont la faculté de devenir invisibles.

Lors d'un repas de famille, d'une table d'amis ou d'un banquet. Dès qu'ils ne trouvent plus d'intérêt à la conversation à laquelle ils étaient liés, ils disparaissent derrière leur écran et s'ils n'existent plus pour nous et nous le montrent sans complexe et avec une franchise qu'on ne leur connaissait pas, nous leurs sommes devenus transparents trop occupés qu’ils sont à faire fonctionner leur pouce et index qui les mènent loin de toute convivialité.

Les mamans et les papas s'ennuient.

Combien de rectangles au bout des doigts scintillent autour du bac à sable, de la plaine de jeu, du carrousel desquels leurs bambins les hèlent sans être entendus.

Doivent-ils dès leurs naissance être connectés pour attirer l'attention (des "likes") de leur géniteurs ?

Produire une vidéo pour accrocher un regard ?

Compter leur propre mère comme "suiveuse" afin de faire parvenir un message d'amour et d'attention ?

Créer un tutoriel sous-titré sur l'art de divertir ses enfants sans bailler ?

Concentrés qu'ils sont par ce qu'ils tiennent dans le creux de la main et qui les éloignent de leur réalité, les parents jettent le masque et avoue franchement se faire ch... autour de cette piscine, au bord de cette plage ou dans ce parc d'attraction.

Belle franchise !

Enfin, on admet (ou découvre) qu'avoir des enfants est une contrainte que l'on traîne d'anniversaires en carnaval de classe primaire ou simplement en bain du soir ou de fable vespérale et pour de longues années.

Heureusement, comme un soulagement, la boîte libératrice tinte souvent et tout s'arrête avec cet impérieux appel. L'air inspiré, teinté d'une colère feinte, parfois animé d'un soupir de reproche on "prends" cet appel tellement important qu'il distrait le parent de la lecture du soir ou du Monopoly entamé.

Le sauve d'une compagnie proche pour l'illusion d'un contact lointain.

Le lointain plein de surprises souvent déçues.

Konya

Derviches & Mevlevi

Vu en ville et à la campagne
Je comprends que les Mollahs tentent de s'approcher du pouvoir pour que les turcs et surtout les turques retournent au moyen âge car comme nos chers curés du 19eme siècle, je pense que ces saints hommes ont d'ores et déjà perdu la bataille.
Dans la rue, il y a certes des foulards et des Hijabs mais l'énorme, énorme, j'insiste, majorité de la population croisée depuis les 2000km parcourus en ville et à la campagne a choisi le camp de la modernité loin des ukases islamistes et surtout de nos préjugés sur un peuple que nous ne connaissons pas. Leur comportement, attitudes et gouts vestimentaires sont en tout pareil aux nôtres et ce qui nous fait peur en occident ne se voit pas sur les trottoirs.
J'ai vu très peu de gens sortir des Mosquées et leurs Imans hurlent souvent dans le vide en ville comme à la campagne.
Un peu de patience ils seront bientôt aussi mécréants que nous...
Comme quoi, les choses sont tellement plus simples quand on les voit de près.
Quant aux comparaisons rapides qui tiennent souvent lieu de préjugé, entre le pouvoir et le peuple soumis à ce pouvoir, elles me font un peu peur.
Par exemple (au hasard) : en Walonie nous avons des politiciens plutot...inégaux, parfois corrompus, certains incompétents, souvent intouchables et rarement sanctionnés quand ils ont tapé dans la caisse ou sur les fesses d'une assistante. Accepterions nous d'être comparés en bloc à nos dirigeants qui ne font écho à l'étranger que pour leurs frasques ? La presse, les télévisions et les raizosocios ne s'intéressant à eux que pour leurs attitudes déviantes et pas pour leurs chastes initiatives.
Alors les Turcs tous des Erdogans ?
Trump et ses 13% d'électeurs réels est il vraiment un américain moyen ?
Les Dardennes sont ils le mirroir de la Belgique ?
OUI trois fois OUI quand ils sont frères et multi-palmés au Festival du cinéma de Cannes.
Ça c'est la Belgique !
D

vers La Capadoce

La route des Caravansérail

Cheminées de Fées

et ballons à air chaud

Vers Nemrut Dagi

et au delà

Là où la terre a tremblé

et tremble encore